sadayour
Bienvenue dans mon espace consacré à la culture amazigh
lundi 15 février 2010
L’ARGANIER
Un arbre miraculeux
Promenades en voitures ou randonnées permettent d’accéder à des terres recouvertes d’arganiers, ces arbres miraculeux qui semblent tenir de ces ascètes qui ne craignent pas les terres arides, ne fuient pas l’épreuve et adaptent leur corps à leur environnement.L’arganier pousse sur une terre de rocaille, à l’orée du désert. Unique dans son genre il ne pousse qu’au maroc. Présent depuis l’ère tertiaire, l’arganier assure la fertilité des terres. Toute une population vit de cet arbre épineux, toujours vert, qui possède un feuillage touffu et dont la forme et la grosseur des fruits ressemblent à de belles olives de couleur jaune et verdâtre d’abord, puis veinée de rouge à la maturité. Chaque partie de l’arbre a ses usages, il offre un excellent bois de chauffage, sert à la fabrication d’outils. Ses feuilles nourrissent les chèvres et les dromadaires. La forme de l’arganier change selon les conditions du sol et du climat.
Une balade de deux ou trois heures en pays de CHIADMA et HAHA nous fait découvrir des arganiers aux formes clémentes qui se déploient et se dressent en hauteur. En bordure des côtes, là où le vent se fait plus rude, ou dans les montages où l’eau se fait plus rare, l’arganier est un arbre au tronc tortueux et gris. L’arganier s’adapte. Il peut même donner l’aspect d’un arbre mort pendant les périodes de sécheresse et renaître dès les premières pluies. Cette résistance et cette adaptabilité, l’arganier les doit à ses racines profondes et à une frondaison souterraine dense « ce réseau gigantesque - il atteint en volume cent fois la frondaison de l’arbre- donne à l’arganier les moyens d’affronter les pluies généralement fortes et les vents violents qui sévissent dans ces régions semi-arides à désertiques » L’arganier, qui s’étendait autrefois sur tout le territoire marocain, ne vit aujourd’hui que dans la région d’Essaouira, Taroudant, Tafraout, Sidi Ifni et goulimine. S’il résiste bravement aux conditions climatiques dure, il subit depuis la fin du XIXe siècle les coupes massives des entreprises pour « répondre aux besoins d’expansion des terre agricoles et à la demande des charbons de bois des villes ». La population de ces terres se sert aussi de l’arganier pour se chauffer. L’homme menace quotidiennement son propre environnement. Le défrichement intensif entre Agadir et Essaouira, Agadir et Taroudant au profit des cultures agricoles intensives met en péril la survie de la foret. La disparition des arbres est un des premiers facteurs de la sécheresse. Des personnes ont pris conscience de l’importance de la survie de cet arbre dont on ne cesse de découvrir de nouvelles vertus, alimentaires et cosmétiques et oeuvrent à multiplier l’arganier et à le planter selon des méthodes modernes.
Comment obtenir l’huile d’argane :
L’arganier produit fleurs et fruits,
apres la cueillette, les fruits sont dépulpés pour n’en garder que les noix,
les noyaux sont ensuite concassés à la main, avec des pierres, afin d’en extraire les amandes,
ces dernières sont alors torréfiées
puis broyées dans une meule de pierre pour obtenir une patte épaisse. Cette patte est mélangée à de l’eau un peu tiède et malaxé à la main jusqu'à obtenir une galette que l’on presse pour extraire l'huile d'Argan
Le travail des femmes consiste à enlever la pulpe du fruit, puis de casser la noix pour obtenir l'amandon, qui sera ensuite torréfié sur feu doux avant d'être broyé dans un moulin à bras traditionnel, la pâte ainsi obtenue est malaxée manuellement avec de l'eau tiède, puis pressée entre les mains pour en extraire l'huile au goût de noisette.
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L'ARGANIER selon Mohammed Khaïr-Eddine (poète écrivain amazigh)
Arbre magique et vénérable, tes racines forent le roc et scellent avec la terre un pacte irrévocable ;
tu es le végétal le plus résistant et sans doute le plus beau.
On ne saura jamais ton âge réel ni si tu es issu d’une comète ancienne ; tu recouvres les versants montagneux de ta splendeur incomparable – tu es puissant et capable de surmonter les assauts des chèvres et des criquets qui te dépouillent de tes feuilles pareilles à des paillettes d’émeraude quand le soleil insuffle à ton murmure inaudible l’onde irisée de l’arc-en-ciel :
un langage mémorable sourd de tes fibres et de tes branches où le rat-palmiste cueille des noix d’ambre qu’il enfouira pour que tu te perpétues à l’infini, toi qui défies le temps, les intempéries, les canicules et la main de l’homme.
Maître incontesté du Sud, on t’appelle Arganier mais nul ne sait ton véritable nom ; peut-être l’oued asséché le sait-il, qui dit au laurier rosé la gravité de ta sombre parure ;
la cigale et la tourterelle, indifférentes aux vicissitudes terrestres, chantent ta beauté car tu les soustrais au danger en ta feuillée impénétrable ;
Cet hôte qui gîte en tes racines externes, c’est le naja solitaire dont le sifflement aigu module la clarté fugace des songes diurnes.
Été comme hiver, ton ombre s’allonge jusqu’au piémont comme pour instruire le mouflon de l’imminence d’une mort brutale :
– le chasseur qui t’avait déraciné en masse pour bâtir un palais de rêve où tu avais vécu depuis Noé est tombé du mont frappé d’une vengeance atroce ;
– il est écrit que quinconque t’égratigne encourt les foudres telluriques ;
mais tu n’es pas toi-même ce dieu vindicatif qui broie les armées dans un éclair intense ;
l’espoir pur des vastitudes inconnues t’anime et chaque lettrine du ciel est une étoile brillante qui te conte l’histoire du Chaos crucial.
les Anciens te disaient Génie tutélaire, protecteur des hommes et des bêtes ;
ils t’aimaient et te vénéraient, ceux-là qui se nourrissaient de cette huile rouge et parfumée que ton amande amère sécrète lorsque l’été culmine au zénith ;
aucune tempête ni chergui ne peuvent démanteler ta couronne, arbre plus dur que le granit et l’agate ;
jeune ou vieux, tordu ou élancé, tu illumines la rocaille d’une aura que seuls distinguent les anachorètes ;
c’est ton essence immatérielle qui frémit au fond du puits et dans la gorge du troglodyte ;
ton idiome inscrit dans les grimoires sacrés qui pare le scarabée bleu de l’éclat des gemmes légendaires ;
vieil arganier, je te salue du tréfonds d’un monde qui ne connaît de toi que les cosmétiques extraits de ton amande ovale.
source : mondeberbere
a suivre...
KASBAH DE TIZOURGAN
Le réveil d’un haut lieu
Sur une petite butte, s’élève Kasbah Tizourgan, un ensemble de bâtisses qui épouse les rondeurs du piton.
Devant les fours à sauterelles, un escalier de dalles conduit à un porche fortifié desservant des ruelles enfermées dans des remparts dotés d’un chemin de ronde. Le borj contenait l’ancienne prison. Elle débouche sur un assays la place destinée aux danses collectives qui possède un four communal (afernou ljmaat). Au fond de la place se trouve la mosquée au mihrab arrondi si caractéristique des mosquées de la région. Deux citernes recueillent les eaux de pluie, elles ne suffisaient pas autrefois pour tout le site, de nombreux petits réservoirs disséminés dans le paysage complètent donc le dispositif.
source photos slide :
http://www.tizourgane-kasbah.com/
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HIER
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La fondation du grenier est attestée par des textes datant de la fin du XIIe siècle. Les archives privées familiales font état de quatre lignages ayant fait souche sur le site, l’implantation initiale des demeures se serait faite en divers lieux au pied de la butte. Dès le XVIe siècle, sous la pression démographique, les habitants s’installent autour du grenier et l’annexent en partie. Ce repli sur les hauteurs semble concomitant d’une période agitée. Le grenier et le village ne sont plus aussi nettement séparés que naguère, beaucoup de parties anciennement réservées au grenier se transforment alors en habitation. Peu de greniers ont cette configuration. Lorsqu’un village est accolé au grenier, il le jouxte communément, sans pour autant l’annexer, Kasbah Tizourgan est l’un des rares villages de la région, où l’habitat définitif est venu se surajouter après coup à ce lieu de refuge et d’emmagasinement. Placés sur une zone frontière entre des régions contrôlées par le makhzen et des régions plus troublées, les habitants pouvaient se réfugier en cas d’alerte dans l’agadir qui dominait le site. Le saint Sidi M’zal enterré à proximité, tenta de son vivant d’apaiser les conflits, sa descendance occupe aujourd’hui douze sites alentour. Pendant l’occupation française, le lieu est connu pour sa résistance. Mais, du fait de terres trop étroites et de revenus faibles, et aussi des contacts que ces pieuses familles avaient avec les villes du nord, l’exode, phénomène ancien dans la région, s’intensifie à partir des années 1950, tandis que de nouvelles constructions sont bâties à proximité de la route. L’ancien village se vide progressivement ne laissant sur le site que quelques vieillards sans ressources. On ne remplit l’agadir que lorsque le climat permet d’abondantes récoltes. Si la récolte est peu abondante, elle est conservée à la maison.
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AUJOURD’HUI
Récemment, le site a fait l’objet de réhabilitation pour être converti en lieu d’accueil touristique (maison d’hôtes). La grande difficulté réside toutefois dans le fait que la région s’étant vidée de sa substance, plus personne ne désire vivre dans les compagnes. Aussi chaque action devient-elle problématique : comment convaincre les gens d’habiter dans des sites qui ne produisent rien ? Le tourisme apparaît souvent comme l’unique ressource. Pour les initiateurs du projet, c’est surtout un point de départ pour les autres actions plus globales de protection de la région.
Pour se rendre à la kasbah de Tizourgan où l’on peut prendre un thé, déjeuner, dîner et passer une nuit ou plusieurs jours : juste après la ville d’Agadir vers ait baha, la très jolie route du souk el khmiss des idaw ougnidif, direction tafraout, la butte nous apparaît rapidement, environnée de saints et de greniers plus au moins abandonnés.
jeudi 8 mai 2008
Raiss Said Achtouk
par Lahsen Oulhadj
En Afrique du Nord, les aires culturelles amazighes se distinguent par la richesse de leurs patrimoines musicaux aux caractéristiques et aux influences très diverses. Les régions du Sud-Ouest marocain ne dérogent pas à la règle. Elles sont connues par cette musique emblématique, et de loin la plus répandue, l’amarg, et par une mosaïque de traditions poétiques et chorégraphiques. En langue amazighe, le terme amarg désigne tout d’abord la nostalgie [2] et la poésie, et, par extension de sens, la musique où cette même poésie est chantée et dansée. P. Galland-Pernet, qui a beaucoup étudié les littératures amazighes, a vu dans le terme amarg, la racine wrg (rêver), et propose cette plaisante définition : "Ce qui rassemble les rêves" ou "le domaine des visions, des jeux de l’imagination, des illusions" [3]. Une pléiade de grands musiciens-chanteurs, tout aussi exceptionnels que doués, ont hissé cette musique au summum de la perfection, et ont marqué d’une empreinte indélébile son évolution : El-Hadj Belâid, Boubaker Anchad, Boubaker Azâri, Hussein Janti, Mohamed Albensir, Omar Ouahrouch pour ne citer que ceux là. S. Achtouk, avec son œuvre prolifique, foisonnante et novatrice, peut légitimement prétendre faire partie de cette lignée d’artistes légendaires.
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Ton front est tel une rose qui vient d’éclore
Ô faucon, regarde-moi
Ighlb a flan igenzi nnun tafukt
Ay ahêbib larzaq bdânâh
Bbîh d lawalidayn nmun d umddakl
1- Allah ihnnik ay ahêbib lli-d nmun (a)
22- Ur âh gin d yat, ur darnêh iga yat (a)
mardi 20 novembre 2007
Raiss haj Belaid
Ses compositions, quant à elles, sont écoutées de génération en génération. Voilà tout ce qui se dit de Raïss Belaïd. Mieux encore : "Dans beaucoup de maisons, la photo encadrée de Mohamed V est à côté de celle de Raïss Belaïd", nous dit Saïd Boussif, directeur de Boussiphone, premier distributeur des 45 tours du musicien. Pourtant, des rwayess, il y en a par dizaines aujourd’hui. Houcine Elbaz, Raïss Amentag ou Aârab Atiggi sont aujourd’hui des stars de la chanson soussie, multipliant les représentations au Maroc et à l’étranger. Leurs productions, cassettes audio ou concerts enregistrés sur VHS ont toujours le vent en poupe.
Les Soussis, comme d’autres, ont besoin qu’on parle leur langue. Et pourtant, les commentaires sont unanimes : "Aujourd’hui, la musique soussie est devenue commerciale. La plupart des rwayess bâclent musique et textes et ne pensent qu’à vendre". L’époque de Raïss Belaïd est bel et bien finie. Celle des mélopées romantiques qui faisaient vibrer les hommes et des longs poèmes chantant l’amour qui faisaient pleurer les femmes : "Et c’est loin d’être une légende. Là où il passait, les femmes pleuraient. Certaines perdaient même connaissance", nous dit Lahcen Belhaj, réalisateur de films et de documentaires en soussi.
Lhaj Belaïd était un raïss. L’équivalent d’un mâalem dans la culture gnaouie pour les néophytes. Un maître de musique en somme. Un raïss, compositeur, auteur et interprète, chef de troupe. Lui, était beaucoup plus que cela. Poète, maître en rimes, en métaphores et en amarg (le mot désigne la nostalgie et la poésie soussies mais aussi la musique où cette poésie est chantée) : "N’importe qui ne peut pas comprendre les textes de Raïss Belaïd.
Chaque phrase est une image, que ce soit dans des chansons sur l’amour, sur l’émancipation des femmes ou encore les valeurs de la société", précise Raïss Hmad Amentag, originaire de la région de Tafraout. Mieux encore. Le rbab, instrument à une corde, majeur dans la musique soussie, c’est lui qui l’y a introduit : "La corde était en crin. Actuellement, elle est en plastique", regrette Lahcen Belhaj.
C’est en 1873 que Raïss Belaïd est né à Anou n’âaddi, douar dans la région de Tiznit. Mais ce n’est pas là qu’il grandira. Ce sera dans le mellah de Tahala aux environs de Tafraout : "C’est là qu’était concentrée la plus importante communauté juive du Souss" continue Lahcen Belhaj. Belaïd y côtoiera chanteurs et poètes juifs berbères. C’est auprès d’eux qu’il apprendra la musique. À partir de là, dans les cérémonies, c’est à lui qu’on fera appel.
Comme dans les soirées organisées par les grands des douars. Très tôt, il deviendra l’un des plus grands raïss.
Le docteur Mohamed Bizrane, chirurgien à Agadir et fils de Saïd Achtouk, autre illustre raïss décédé en 1989 raconte : "Quand Raïss Belaïd est décédé en 1945, mon père avait à peine 11 ans. Il était déjà son idole. Il le sera d’ailleurs toute sa vie. Mon père disait toujours : la musique aurait dû s’arrêter à Raïss Belaïd". Saïd Achtouk n’a jamais enregistré : son père s’y opposait.
Quant à son idole, il a, lui, traversé les frontières grâce à sa musique. Car, Raïss Belaïd a enregistré ses chansons. Pas au Maroc et pas pour n’importe qui. Il a, en effet, fait partie de la première série de 78 tours de Pathé Marconi. Rien que cela. De cet enregistrement, on retient encore une anecdote, celle de la rencontre du maître de l’amarg avec un maître de la chanson arabe, Mohamed Abdelouhab en l’occurrence : "On raconte d’ailleurs que Mohamed Abdelouahab était admiratif devant Raïss Belaïd et que celui-ci lui a lancé un défi, celui d’écrire et de composer une chanson sur le champ", raconte Saïd Boussif. Car Raïss Belaïd était connu pour cela aussi : "Il n’écrivait presque jamais ses poèmes, il les improvisait". Que retient-on encore de Raïss Belaïd ? Qu’il a voyagé dans tout le Maroc, de village en village, chantant ici et là avec sa troupe.
Qu’à l’apparition du phonographe, les hommes et les femmes des douars se rassemblaient, en plein air, autour de ses disques et beaucoup pleuraient dès la première note de son rbab. Qu’il a très souvent été invité par Glaoui, tout puissant pacha de Marrakech, pour chanter devant ses illustres invités : "Celui-ci l’admirait énormément et on raconte même qu’il en a fait son conseiller".
L’histoire retient aussi qu’il a chanté les femmes, l’amour, les guerres entre les tribus et des poèmes nationalistes. Et qu’il a initié d’autres grands rwayess dont Sassbo, Boubaker Anachad, Boubaker Zaâri, qui tous ont été ses disciples et ont à leur tour marqué la chanson soussie.
Il reste aussi sa famille. Son fils, qui vit dans la misère la plus totale à Tiznit. Raïss aussi. Et ses petits-enfants, également musiciens doués, connus dans la région de Tiznit. Il reste des rwayess, tous influencés par sa musique. Il reste aussi des 45 tours, précieusement gardés par des familles soussies et des cassettes de plus en plus difficiles à trouver.
Et pourtant : "Il est à la chanson soussie ce qu’est Mohamed Abdelouhab ou Abdelhalim Hafed à la musique arabe". Il y a aussi ce petit jeune, du nom de Ibba Saïd, installé en France et qui cette année a repris et modernisé le répertoire de Raïss Belaïd. Une réussite selon les connaisseurs.
Il reste des chansons, que les Soussis connaissent par cœur et chantent avec nostalgie. Parmi tant d’autres : Atbir Oumlil (la colombe blanche), Taleb (le savant) ou encore Beni Yacoub. Et il reste enfin des mots dont on retiendra : "Ô Colombe blanche, si tu es prête à m’accueillir, je viendrais vers toi, quitte à me perdre en chemin".
Rwayess :
Artistes en voix de disparitions Pour les plus pessimistes, oui. Les rwayess, ces maîtres de la chanson soussie ont laissé place à des groupes de musique qui, de plus en plus, introduisent des instruments de musique modernes (batterie, clavier...) venant couvrir le plus important, le son du rbab, du derst (tam tam) ou encore du loutar (4 cordes).
Ce n’est pas tout, le texte, très important dans l’amarg, est relégué au second plan.
Des grands rwayess ? Non, il n’y en a plus : "Peut-être Tabaâmrant qui laisse le soin d’écrire ses textes à d’autres plus doués qu’elle". Il faut dire aussi que rien n’est fait pour préserver la tradition des rwayess ni pour les faire connaître auprès d’un large public, pas uniquement berbérophone.
Quant aux concerts, ils sont organisés dans la région du Souss, exclusivement. Les deux télévisions, elles, considèrent et traitent encore la musique soussie sous son aspect le plus folklorique. Loin de la poésie berbérophone qui gagnerait tant à être traduite. Les mâalems gnaouis ont eu leur festival grâce auquel ils sont sortis de l’ombre.
Alors, à quand un festival des rwayess ?
Source : Tel Quel
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samedi 17 novembre 2007
Izenzaren
izenzaren Igout Abdelhadi
envoyé par DraX2007
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TRES TRES RARE VIDEO D'IGOUT
izenzarn (new)
envoyé par broxis
Qui n’a jamais vibré aux rythmes envoûtants de ce groupe légendaire, Izenzaren ? Qui n’a jamais été conquis par la beauté de ses textes racontant toujours l’Amazigh et ses problèmes ? Aucun probablement ! Il est certain qu’à un moment ou à un autre, les Amazighs, et même les étrangers, ont été subjugués par cette troupe musicale pas comme les autres. Nonobstant son énorme succès, le groupe est resté très discret ; ce qui a probablement amplifié le halo de mystère qui l’entoure.
L’avènement des groupes musicaux dans le Souss n’est nullement une incongruité qui peut seulement être expliqué à l’aune d’un mimétisme de l’Occident. Ce concept a toujours été présent dans la culture des Amazighs du Souss. Les grands rways, Hadj Belàid, Boubakr Anchad, Lhousayn Janti, etc, ont chacun formé leur propre troupe avec laquelle ils sillonnaient les villages et les villes du Souss et même d’ailleurs. Hadj Belàid est allé jusqu’en France à titre d’exemple.
Pour autant, le groupe musical, dans son acception moderne, n’est apparu qu’avec les changements profonds, qu’a connus la société amazighe du Souss à l’aube des années 60. Une époque caractérisée par une ébullition créative musicale avec notamment la création d’un groupe moderne et avant-gardiste, tabghaynuzt (araignée). À en croire Aziz Chamkh, l’un des fondateurs d’Izenzaren : « tabghaynuzt a été le premier orchestre au Maroc ; pour notre génération, elle a été une première école où l’on a beaucoup appris . »
Cette formation musicale et humoristique (un peu à l’exemple d’une troupe tout aussi mythique, Ayt Lmzar, parce qu’originaires de Lmzar d’Ayt Melloul) a été fondée en 1960 par des artistes dont les noms ne disent plus rien au commun des mortels. Parce qu’ils sont tous presque décédés ou vivotent dans l’anonymat le plus total. On peut citer : Abellah El Madani, Farkou, Brahim n Ssi Hmad, Bihmaden, Mohamed Bouslam et Jamaâ Outznit.
Ce dernier, paraît-il, était un prodige. Il était un multinstrumentiste phénoménal. Pratiquement tous les instruments de musique (l’accordéon, le banjo, le rribab, la guitare) n’avaient de secret pour lui.
C’est grâce à cette troupe donc que les futurs fondateurs d Izenzaren ont eu l’idée de fonder en 1970 un groupe qu’ils ont appelé Laqdam (les pas). Une formation qui n’a pas fait long feu, mais ce n’est que partie remise. Car nos jeunes musiciens sont bien décidés à donner corps à un autre groupe qui vivra plus longtemps.
Succès
Après moult appellations, le choix a été finalement arrêté sur Izenzaren. La naissance de cette formation s’est faite d’une manière tout à fait spontanée, à la différence d’Usman (éclairs) qui était plutôt une entreprise artistique très réfléchie dont les fondateurs étaient les premiers militants du mouvement culturel amazigh (Brahim Akhiat, Moustaoui, Azaykou, Eljechtimi, Amarir...).
Le groupe Izenzaren a été très original à tous les points de vue. Il a même inventé un nouveau courant musical, « tazenzart », avec ses rythmes, ses poèmes et sa propre thématique.
Il a cristallisé pendant des années, à l’échelle du Souss, la querelle entre les Anciens et les Modernes, entre les tenants de « tarrayst ». Autrement dit, la pratique traditionnelle de la musique. Et les tenants de cette nouvelle tendance de la musique amazighe, « tazenzart ».
Si le groupe a eu un énorme succès auprès de la jeunesse, les adultes ont bien évidemment été, pendant longtemps, réticents à cette nouvelle forme de musique avec des musiciens rebelles aux cheveux très longs et aux méthodes qui rompent totalement avec ce qui est connu jusqu’à présent.
Il n’était pas rare que les rways, s’imaginant que le groupe Izenzaren était une menace pour eux, les prenaient en dérision. Said Achtouk par exemple. Mais avec le temps tout s’est arrangé, vu que leur public n’était pas le même. Izenzaren s’adressaient plutôt à un public jeune, souvent scolarisé, et, qui écoutait plutôt la musique occidentale. On pourrait même affirmer que beaucoup de ces jeunes ont su apprécier la musique des rways en faisant un détour par les groupes amazighs modernes. Ce qui est mon cas et tant d’autres amazighs de ma génération.
La rupture avec les rways est visible à certains niveaux. L’apparence physique et vestimentaire : une chevelure qui va jusqu’aux épaules, des habits modernes ( des jeans, des chaussures ...). Les instruments de musique : le banjo qui détrône le ribbab, le violon, la basse (agembri),etc. Les chants qui épousent les soucis de toute une génération de jeunes amazighs, déroutée par les métamorphoses rapides de la société. Enfin, les rythmes qui ne ressemblent en rien à ce qui avait cours chez les rways.
La première cassette du groupe a été commercialisée au début de 1974. Le succès a été fulgurant. C’est devenu un phénomène de société. Une légende a vu le jour en d’autres termes. Tout le monde ou presque fredonnait, et, même plus, connaissait par cœur leurs premières chansons culte, teintées de cette nostalgie et de cette mélancolie qui caractérisent tant la musique amazighe du Souss : immi henna, wad itmuddun, wa zzin, etc.
Le talent musical d’Izenzaren ne saurait suffire pour faire de ce groupe ce qu’il est sans l’apport d’un parolier qui a écrit la majorité de leurs chansons, Hanafi Mohamed. « Un homme de l’ombre et un poète extrêmement timide, mais ô combien doué », selon l’expression même de Aziz chamkh.
Engagement
Avec Izenzaren, l’engagement dans la musique, une notion peu connue jusqu’à alors dans les mœurs musicales marocaines, prend toute sa signification. Et cela pour deux raisons. Primo, le groupe, qui n’a jamais succombé à l’argent - ses membres ne roulent pas forcément sur l’or -, a toujours eu une grande idée de l’art musical à qui il a donné ses lettres de noblesse. On peut dire que cette attitude est vraiment unique dans tout le Tamazgha. Secundo, la chanson izenzarienne a cette caractéristique particulière de ne pas traiter de sujets rebattus. C’est vrai que le groupe a traité de l’amour à ses débuts, mais sans pour autant tomber dans la facilité et encore moins dans la vulgarité. Je dirais même que leurs chansons d’amour étaient pourvues de ce « je ne sais quoi », ce mystère qui donne aux œuvres artistiques une vie éternelle. Wa zzin (ô beauté), tasa ittutn ( le cœur blessé), àawd as a tasa nu (ô mon cœur, raconte) , etc, font désormais partie du répertoire classique de la chanson amazighe.
Chemin faisant, Izenzaren épousent progressivement les soucis concrets du public. Exit la thématique sentimentale ! Désormais, leurs thèmes, caractérisés par un traitement pour le moins pessimiste voire même noire, tournent autour de la contestation sociale et politique, la revendication identitaire, la dénonciatation de toutes les injustices, etc. Pour preuve, on a qu’à voir les titres de leurs chansons : Tillas (obscurités), Gar azmz (mauvaise époque), lmeskin ( le pauvre), izillid (l’orage), tuzzalt (le poignard), tixira ( fin du monde), etc.
Séparation
Le succès venant, les dissensions n’ont pas tardé à éclater au sein du groupe. Résultat. Il se scinde en deux parties portant le même nom : la première autour d’Aziz Chamkh ; la deuxième autour d’Iggout Abdelhadi. D’ailleurs tout ou presque a été dit sur cette séparation. Beaucoup croient à ce jour qu’il s’agit d’un complot ourdi par ceux-là même que le succès de ce groupe amazigh dérangeaient au plus haut point. Mais, il semble que les raisons soient plus personnelles qu’autres choses. Incompatibilité d’humeur entre les membres du groupe certainement ! D’ailleurs, pour en savoir davantage, j’ai posé la question à Aziz Chamkh qui a eu cette réponse éloquente : « mais nous n’étions pas mariés pour parler de séparation ! d’ailleurs je ne comprends jamais pourquoi on m’interroge souvent à ce sujet. » Belle manière d’éviter de raviver des souvenirs qu’on préfère taire à jamais.
Si le premier groupe a fait un travail de recherche approfondie sur le patrimoine musical amazigh en remettant au goût du jour- et de quelle manière !- le répertoire classique des grands rrays, notamment Hadj Belâid, et en créant de temps en temps, le deuxième groupe a toujours fait dans la création pure. Il est d’ailleurs le plus apprécié non seulement à cause de la personnalité rebelle, marginale et anticonformiste, de son chanteur vedette, Iggout Abdelahadi, mais aussi à cause de cette façon unique à manier le violon et surtout le banjo. D’aucuns l’appellent volontiers le magicien de cet instrument, voire son plus grand spécialiste dans tout le Tamazgha. Il faut dire que ses compositions sont inimitables. Jusqu’à présent personne n’a pu l’égaler, même si nous avons assisté à l’avènement d’une multitude de groupes, aussi divers que variés, et qui ne manquent nullement de talent : Archach, Titar, Izmawen, Laryach, Oudaden, Ibarazen, Igidar...
Les influences musicales d’Izenzaren sont pour le moins nombreuses. Pourvu qu’on y prête bien l’oreille, cela peut aller du patrimoine musical amazigh présenté par l’Ahwach, l’ajmak, l’ahyad, l’ismgan ou l’ignawen, les rywas, des rythmes afro-sahariens et même du Country américain.
Izenzaren abdelhadi
envoyé par batif-26
A quand du nouveau ?
Izenzaren, avec leurs textes caractérisés par une langue des plus recherchées et leurs arrangements originaux, resteront toujours un mythe qui a marqué toute une génération d’Amazighs. Jusqu’à présent, à chaque spectacle du groupe, ce sont des milliers de fans qui se déplacent pour y assister, et, souvent, tout le monde reprend collectivement les paroles de leurs chansons.
Cette formation musicale est souvent plébiscitée comme le meilleur groupe amazigh. Mais on regrette presque le fait qu’il n’ait pas produit aucun album depuis 1990.
En 1998, dans l’un de leurs concerts à Agadir, le public entonnait collectivement à l’adresse du groupe : « Nera amaynu ! » (Nous voulons du nouveau ! ). La réponse d’Iggout Abdelahadi a été pour le moins cinglante : « il faut déjà que vous compreniez les anciens albums pour en exiger un nouveau », lâcha-t-il.
En effet, ce n’est pas donné à tout le monde de comprendre la poésie izenzarnienne souvent qualifiée d’ « ésotérique », mais en tant que public amoureux de ce groupe, du nouveau est toujours le bienvenu. Même si on ne se lasse jamais d’écouter leurs anciennes chansons qui ne perdent jamais de leur magie. Bien plus, elles sont carrément des repères identitaires pour une jeunesse amazighe assoiffée de reconnaissance et, surtout, à la recherche de symboles. Ce qui peut aisément se vérifier de visu à chacun de leurs spectacles.
Longue vie donc à Izenzaren et merci à eux ! Car ils nous ont donné, en plus de l’émotion, la fierté d’être amazighs.
La seule nouveauté du groupe reste cette chanson, izd ghik ad a tram ?
izd ghik ad a tram ? ghik ad ran ? a ggisen ukan iligh izd ghik ad a tram ? ghik ad ad ran ? ad yyi nit ittjrun ar temtatent ayt ma-k gh iswak ur lsan, bbin asen w adan, ilih asen asafar lkem yyi-n s ugharas ! zund nekkin, zund keyyin zund keyyin, zund nekkin yan iga lhsab yan ay iga w awal war lmal igh gguten amya ur sis llin izd ghik ad a tram ? ghik ad ran ? wa ad yyi nit itjrun * * * * wa f yyi-d afus ! anmun gh ugharas nffagh kem, a tamazirt nfl tt i wiyyadv wa nstara gh tmizar tilli lligh ur nlul
source : Lahsen Oulhadj (Montréal) Souss.com
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IZENZAREN IGOUT Abdelhadi 4
envoyé par tariracht
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